Préparation de votre projet
Bien qu’il soit incroyablement gratifiant de fabriquer un escalier en bois, il s’agit également d’un véritable défi, et les erreurs sont immanquablement coûteuses.
Avant de vous lancer dans la saisie des paramètres de votre escalier et de vos préférences de conception dans StairDesigner, puis dans la production de vos documents de fabrication, il est indispensable d’effectuer un travail préparatoire.
Nous espérons que vous avez lu nos conseils pour prendre les dimensions d’un escalier et que vous êtes maintenant prêt à commencer la conception du vôtre.
La première étape consiste à établir une vue d’ensemble de votre projet.
Celle-ci devrait inclure :
- Une liste des sections de bois que vous utiliserez pour chaque élément : limons, mains courantes, contremarches, etc.
- Une esquisse brute et cotée de l’ensemble de l’escalier
- Un croquis coté de l’assemblage avec l’étage supérieur
- Des croquis cotés des détails d’assemblage entre les limons et les poteaux des mains courantes, mais aussi des limons entre eux
- Des croquis cotés de l’assemblage entre les marches et les contremarches
- Des croquis cotés de l’assemblage des marches et contremarches avec les limons
Sections de bois pour escaliers
Si vous êtes novice en matière de fabrication d’escaliers, il est conseillé de vous renseigner sur les matériaux dont vous disposerez pour réaliser votre projet avant d’en commencer la conception.
Les sections nécessaires pour chacun des éléments de votre escalier dépendent d’un certain nombre de paramètres :
- Le matériau de base que vous souhaitez utiliser pour construire votre escalier : bois massif, panneaux stratifiés, matériau en panneaux manufacturés, etc.
- Les dimensions proposées par les fournisseurs près de chez vous
- L’esthétique de votre projet
Pour la fabrication d’escaliers en bois massif, voici les épaisseurs minimales recommandées :
- Limons : 35 mm
- Poteaux : 70 mm
- Marches : 30 mm
- Contremarches : 15 mm
Esquisse à la main ou DAO ?
La meilleure façon d’esquisser un projet est d’utiliser un programme de dessin assisté par ordinateur (DAO). Cependant, pour la plupart des escaliers ordinaires, vous n’en aurez pas besoin et pourrez saisir les paramètres du projet directement dans StairDesigner.
Un tel programme n’est vraiment nécessaire que pour les projets compliqués, où vous devrez saisir des points de référence précis à partir de vos mesures sur site. Le logiciel de DAO vous permettra ensuite de générer les paramètres dont vous aurez besoin pour StairDesigner.
L’inconvénient des programmes de DAO est qu’il vous faut savoir comment les utiliser.
Si vous n’avez pas l’habitude d’utiliser ce genre de programmes, il vous faudra prendre le temps d’en apprendre au moins les fonctionnalités de base. C’est ce que nous vous conseillons de faire si vous fabriquez régulièrement des escaliers.
En revanche, si votre projet est relativement simple, que vous ne concevez des escaliers que de manière occasionnelle et que vous ne savez pas utiliser les logiciels de DAO, il est tout à fait possible de réaliser une première esquisse avec un crayon et une feuille de papier.
À titre de suggestion, nous vous conseillons de télécharger nanoCAD, une bonne solution de DAO gratuite.
Dessiner un plan
La première étape consiste à dessiner un plan à l’échelle de la cage d’escalier existante. Si le projet est simple, un croquis approximatif avec quelques dimensions devrait suffire.
En revanche, si la cage d’escalier est complexe, vous devrez dessiner un plan détaillé et des vues en élévation de l’ensemble de la cage.
Une fois le plan de la cage d’escalier établi, dessinez les points de départ et d’arrivée de l’escalier.
Il est également judicieux de dessiner une vue en élévation de la cage d’escalier comme ceci :
Voici un exemple de plan d’une cage d’escalier plus complexe qui s’élève sur 5 niveaux :
Calculer l’échappée
Le départ d’un escalier peut dépendre de la position d’obstacles, de portes, de fenêtres, d’autres murs, etc., mais le plus souvent, si l’escalier se trouve à l’intérieur d’une cage d’escalier, il dépendra de l’échappée minimale qui doit être laissée lorsqu’une personne monte ou, plus important encore, lorsqu’elle descend l’escalier.
L’échappée minimale est généralement de 1,80 m. Cela peut être très serré lorsqu’une personne de grande taille descend les escaliers, et elle risque de se cogner la tête si elle se penche vers l’avant. Dans la plupart des situations, il est conseillé de compter un minimum de 1,90 à 2 m, et 1,80 m seulement dans les situations extrêmes.
Dans l’illustration suivante, bien que l’escalier puisse commencer à la porte, le nombre de marches à l’extérieur de la cage d’escalier dépendra de l’échappée minimale.
Si vous fabriquez manuellement vos escaliers, il est important d’avoir la position approximative de la première marche, et nécessaire de calculer le début approximatif de l’escalier en fonction de l’échappée.
L’échappée minimale se calcule en trouvant la hauteur maximale de la marche qui se trouve juste à l’extérieur de la cage d’escalier. Il s’agit d’une étape clé qu’il est important de garder à l’esprit.
Hauteur de la marche d’échappée
Pour calculer la hauteur maximale de cette marche, utilisez cette formule simple :
HME = HT – EP – 1,80 m
- HME est la hauteur de la marche d’échappée
- HT est la hauteur totale de l’escalier
- EP est l’épaisseur du plancher supérieur
- 1,80 m est l’échappée minimale
Notez que, lorsque vous prenez les mesures sur site, il est souvent plus rapide de mesurer la distance entre le sol et le plafond que l’épaisseur du plancher supérieur.
Cette distance sous plafond SP est bien sûr égale à HT – EP.
Pour calculer le nombre de marches à l’extérieur de la cage d’escalier, il faut connaître la hauteur de chaque marche ou contremarche. Pour ce faire, divisez la hauteur totale HT par un nombre qui donne une contremarche comprise entre 160 mm et 210 mm. Plus la contremarche est basse, plus l’escalier sera facile à monter.
Divisez ensuite la hauteur calculée pour la marche d’échappée HMÉ par la contremarche et vous obtenez le nombre de marches à l’extérieur de la cage d’escalier.
Calculer la largeur des marches
La position réelle de la première marche dépendra de la largeur des marches.
Pour calculer la largeur des marches, vous pouvez utiliser la formule de Blondel :
2 x hauteur de marche + giron > 600 mm < 640 mm
Cela donne une largeur minimale pour chaque marche de 600 – (2 x hauteur de marche).
Multipliez le nombre de marches NM par la largeur de marche LM et vous obtiendrez la distance approximative entre la première marche et le bord de la cage d’escalier.
Il s’agit de la méthode standard pour calculer l’échappée d’un escalier ; il est donc important de comprendre comment procéder.
Calcul automatique de l’échappée et Formule de Blondel
Comme nous utiliserons StairDesigner pour concevoir notre escalier, le programme propose quelques outils bien pensés qui permettront d’optimiser tous ces paramètres.
Pour gagner du temps, il est possible de créer un escalier dans StairDesigner avec une hauteur et une largeur de marche par défaut et de l’optimiser à partir de ce point de départ.
Le contrôle de l’échappée vous permet de définir les dimensions de la cage d’escalier et l’épaisseur du plancher :
La valeur de contrôle pour une hauteur minimale peut être définie ici :
Vous verrez alors l’échappée réelle dans le menu Propriétés. L’ajustement du nombre de marches / contremarches et d’autres paramètres mettra immédiatement à jour la valeur de l’échappée.
La valeur du pas de foulée est également mise à jour de manière dynamique à mesure que vous modifiez les autres paramètres (les valeurs de contrôle sont également indiquées ci-dessus), de sorte qu’il est très rapide d’ajuster votre escalier pour en assurer la sécurité.
Pour plus d’informations, consultez ces deux articles dans notre Centre d’Assistance :
Fonction de contrôle de l’échappée
Optimisation et paramètres généraux d’un escalier
Dessiner les sections à l’arrivée
L’un des points souvent ignorés par les constructeurs d’escaliers amateurs est l’optimisation des détails d’assemblage à l’endroit où l’escalier rejoint le plancher supérieur.
Il existe un nombre infini de possibilités, et chaque escalier aura ses propres problèmes et ses propres solutions en fonction de la situation.
Avant de commencer, il est important de préciser que, dans la mesure du possible, vous devriez ajouter une marche palière à votre escalier.
Celle-ci crée une transition harmonieuse entre l’escalier et l’étage supérieur et termine l’escalier en permettant d’assembler la dernière contremarche aux limons et aux poteaux de l’escalier.
Notez qu’il est souvent difficile d’obtenir un joint parfait entre la marche palière et le plancher supérieur. Prévoyez donc un moyen de combler tout écart éventuel.
Vous pouvez utiliser une bande de bois ou un fileur métallique, bien que cette solution ne soit pas très esthétique.
Une façon plus élégante de couvrir un éventuel espace est de prévoir un rabattement de la marche palière.
Dans ce cas, n’oubliez pas d’augmenter la hauteur totale de l’escalier et la longueur de la dernière volée en fonction du rabattement de la dernière marche sur la solive du plancher supérieur.
Voici une dernière option qui rend aussi très bien.
Créez une petite découpe à l’arrière de la dernière marche et placez-la au-dessus du niveau du sol non fini, à une hauteur suffisante pour accueillir la finition du sol et l’adhésif éventuel. La finition repose sur la solive de l’escalier et dissimule parfaitement l’écart. L’espace lui-même peut varier si la solive n’est pas droite ; cette solution permet également de gérer cette situation.
Le dessin DAO ci-dessous illustre cette option :
Une autre question qui se pose au moment où l’escalier rejoint l’étage supérieur est de savoir comment il va s’assembler aux autres éléments du palier.
Si l’escalier ne s’assemble à aucun autre élément et doit simplement reposer contre la solive du plancher supérieur, la solution la plus simple consiste à appuyer l’escalier contre la cage d’escalier.
Découper une encoche dans le dernier poteau permettra à l’escalier de s’accrocher au sol et d’y reposer.
Si l’escalier doit s’assembler à des éléments de l’étage supérieur, la position des derniers poteaux et limons dépendra de la manière dont vous souhaitez aligner les poteaux, limons et mains courantes de l’étage supérieur.
Si un faux limon recouvre la face de la solive, un simple poteau à encoche peut suffire.
En revanche, si le garde-corps de l’étage supérieur repose sur le chant de la cage d’escalier, l’entaille profonde du dernier poteau peut fragiliser son assemblage avec le limon.
Cela ne devrait pas se produire si vous prévoyez un débordement du garde-corps au-delà du chant de la cage d’escalier. Il est souvent conseillé d’ajouter sous ce débord une bande de recouvrement pour masquer le chant du revêtement de sol.
Une autre option est un double poteau à l’arrivée. Elle peut être plus facile à réaliser et donner un assemblage plus solide, mais elle est aussi plus encombrante.
Nous préférons utiliser un seul poteau.
En règle générale, une encoche à 50 % de la largeur du poteau devrait être suffisamment solide. Veillez à ce que le garde-corps déborde de la cage d’escalier. Ensuite, si le chant de la solive est en bon état, ajoutez une tige de finition sous ce débord, ou masquez-le complètement avec un panneau d’habillage / faux limon.
Voici un exemple dans StairDesigner avec un faux limon :
Notez que dans chaque cas, la position du limon et de la dernière marche par rapport à la cage d’escalier change et varie en fonction de la solution choisie, mais aussi des sections et des positions des poteaux, des limons et des mains courantes.
Il est important d’effectuer un croquis de la façon dont vous allez configurer l’assemblage de l’escalier sur la solive du plancher supérieur pour connaître les paramètres que vous devrez utiliser dans StairDesigner.
Comment assembler les marches, contremarches et limons
Lorsque vous décidez de l’assemblage des différents éléments d’un escalier, il est important de garder à l’esprit la manière dont vous allez assembler et installer l’escalier.
Un escalier qui peut être assemblé en dehors de la cage d’escalier et hissé ou abaissé en place peut comporter des détails d’assemblage qu’il ne serait pas possible d’utiliser si l’escalier devait être assemblé à l’intérieur de la cage d’escalier.
Cela vaut pour les détails d’assemblage des marches avec les contremarches aussi bien que pour les marches et contremarches avec les limons.
Nous avons constaté qu’un assemblage simple et fiable entre la marche et la contremarche consiste à insérer la contremarche dans la marche supérieure et à la placer à l’arrière de la marche inférieure, comme illustré ci-dessous dans StairDesigner.
Il existe de nombreuses autres possibilités, par exemple si l’escalier est visible d’en bas. Dans ce cas, il est intéressant de cacher le bas de la contremarche, de sorte que seule la marche soit visible.
Dans ce cas, nous réglons la priorité de la contremarche sur « non » et le décalage inférieur sur 15 mm.
Comment assembler les marches et les limons
Dans une grande partie de l’Europe, la méthode traditionnelle de construction des escaliers permet de les assembler directement dans la cage d’escalier.
En règle générale, le limon extérieur est un limon à mortaise, alors que le limon mural est un limon à crémaillère. Ce schéma montre l’assemblage traditionnel des escaliers de style européen.
La fabrication des limons de cette façon vous permet de les positionner, ainsi que les marches et contremarches, sans déplacer les limons, ce qui est beaucoup plus facile et nécessite moins d’espace que si vous deviez assembler l’escalier complet avant de le placer dans la cage d’escalier.
Cette méthode présente néanmoins deux inconvénients :
- Si les marches rétrécissent, un espace apparaîtra le long du bord arrière, à l’endroit où la marche s’assemble avec la contremarche suivante
- Il faut couper une plinthe pour couvrir l’espace entre les marches et le mur, mais couper une telle plinthe, qui s’ajuste aux marches et aux contremarches, est une tâche longue et fastidieuse
Pour contourner ces problèmes, il est possible de construire le limon mural en 3 parties…
Limon à mortaise en 3 parties
Fabriquons un limon à mortaise démontable d’une épaisseur de 36 mm, par exemple, avec une encoche de 15 mm.
Prenez une planche de la même épaisseur que la profondeur des encoches et vissez-la à une autre planche de 21 mm pour obtenir un total de 36 mm.
Assurez-vous que les vis ne se trouvent pas à l’endroit où les encoches seront découpées.
Tracez les encoches sur la planche et découpez-les à l’aide d’une défonceuse manuelle ou d’une machine à commande numérique.
Les encoches vont couper les planches de 15 mm en deux.
Dévissez la planche de 15 mm qui constitue la partie inférieure, que nous appellerons support, de la partie supérieure, appelée plinthe.
Collez et vissez le support en place.
Lors de l’installation, les marches et les contremarches peuvent être vissées sur le support, et la plinthe fixée une fois que tout est en place.
En plaçant les têtes de vis près de l’extrémité de la marche, elles seront cachées lorsque vous fixerez la plinthe sur le limon.
De cette manière, vous obtenez automatiquement la plinthe lorsque vous découpez les marches et les contremarches.
Voici la photo d’un limon mural en 3 parties en cours d’assemblage dans l’atelier.
Si le dessous des marches n’est pas visible et/ou si le limon extérieur est un limon à crémaillère, il est possible d’assembler facilement les marches et les contremarches.
Dans le cas d’un escalier à limon à mortaise avec sous-face cachée, les encoches des marches et des contremarches peuvent être prolongées jusqu’au bord inférieur du limon ; les marches et les contremarches peuvent ensuite être introduites par le dessous de l’escalier.
Les encoches peuvent également être ouvertes pour permettre de les caler, ce qui facilite grandement le montage de l’escalier dans la cage d’escalier. Voici cette option dans StairDesigner :
Comment assembler les limons et les mains courantes aux poteaux
La façon traditionnelle d’assembler les limons et les mains courantes aux poteaux est l’assemblage à tenon et mortaise.
Pour faire un joint serré, délicat en raison de l’angle des limons et des mains courantes, utilisez un goujon.
Une autre façon d’assembler les limons et les mains courantes consiste à utiliser un tirefond et un système d’alignement tel que des goujons, des faux tenons, des biscuits ou des dominos.
Vous pouvez ainsi couper simplement les limons et les mains courantes sur la ligne de jonction et le tirefond dispose d’une force de traction suffisante pour serrer le joint.
En général, un tirefond de 8 mm x 120 mm avec des chevilles pour les mains courantes, et des faux tenons ou des chevilles pour les limons, font très bien l’affaire.
Voici une photo d’une main courante utilisant des chevilles.
Comment assembler les limons entre eux
En l’absence de poteau, les limons doivent être assemblés entre eux.
Il est préférable de visser ce joint à l’aide de vis de 6 x 90 mm.
Il vous faudra décider quel limon dépasse l’autre. En général, vous ne voulez pas voir le joint, alors faites en sorte que le limon visible dépasse l’autre. Dans l’exemple de l’escalier à quart-tournant ci-dessous, il s’agit du limon inférieur.
Vous pouvez également réaliser vos limons avec un joint à onglet.
Vue d’ensemble des éléments courbes
Les escaliers courbes et la construction d’éléments d’escaliers courbes font partie des sujets particulièrement complexes dans le domaine de la fabrication d’escaliers.
Bien que StairDesigner fournisse des dessins et des informations générales pour la mise en place d’un escalier courbe, les plans détaillés pour la fabrication devront être réalisés à partir des plans de StairDesigner.
La mise en place de ces plans de fabrication nécessitera une modification importante des fichiers DXF de StairDesigner ou de plans sur papier.
Vous serez peut-être intéressé par notre technique exclusive de couches collées horizontales (exemple ci-dessous) pour la fabrication de limons, une excellente solution pour les professionnels, qui reste néanmoins réalisable pour un menuisier amateur.
Conclusion
Si vous êtes un constructeur d’escaliers professionnel, n’hésitez pas à nous contacter pour une démonstration en ligne du logiciel. Vous pouvez également visiter la page de StairDesigner pour plus de détails sur ces capacités de conception et de fabrication.
Si ce guide a inspiré le menuisier qui sommeille en vous, n’hésitez pas à compléter votre projet avec StairDesigner.
Nous proposons une alternative à l’achat du logiciel qui est idéale si vous travaillez sur un projet unique. Il s’agit de notre service StairFile. Il comprend une liste de débit et un service de traitement des plans, ainsi que des conseils sur la fabrication d’escaliers prodigués par notre équipe d’experts.
Bon travail du bois,
L’équipe d’Atelier Bois